7 février 1996 en salle | 2h 25min | Science Fiction, Action

De Kathryn Bigelow

Par Jay Cocks, James Cameron

Avec Ralph Fiennes, Angela Bassett, Juliette Lewis

Synopsis :

Los Angeles 1999. Lenny Nero, flic déchu, mi-dandy, mi-gangster, s'est reconverti dans le trafic de vidéos très perfectionnées qui permettent de revivre n'importe quelle situation par procuration. Un jour, il découvre une vidéo révélant l'identité des meurtriers d'un leader noir.

Critique du film : 

Visionnaire avant l’heure, Strange Days (1995) offre un regard saisissant sur les tensions sociales, technologiques et politiques qui traversent encore notre époque. Kathryn Bigelow, avec un scénario signé James Cameron, nous plonge dans un Los Angeles en crise, à la veille du passage à l’an 2000. Inégalités, tensions raciales, corruption et violence policière dessinent le portrait d’une société au bord de l’implosion.
Au cœur de cette tourmente, une technologie capable d’enregistrer et de restituer les souvenirs sensoriels d’autrui se répand dans l’ombre. Initialement conçue pour la police, elle devient vite une drogue sensorielle, un marché noir d’émotions volées, interrogeant notre rapport au réel et à la mémoire.
Le film fait écho à une idée forte de Michel Foucault, qui rappelait que "le pouvoir circule, il ne s’attrape pas comme une chose, il s’exerce et s’insinue dans les moindres interstices du social". Ici, le pouvoir s’exerce moins par la force que par la maîtrise des affects et des perceptions. Le regard devient un outil de contrôle, la mémoire un champ de domination.
Bigelow signe une mise en scène nerveuse et immersive, portée par une tension constante. Angela Bassett impose une force tranquille et magnétique. Ralph Fiennes incarne avec justesse un homme hanté par ses souvenirs. Juliette Lewis, fragile et perturbée, complète ce trio avec intensité.
Malgré un accueil discret à sa sortie, Strange Days se révèle aujourd’hui comme un film majeur, mêlant vision prophétique et profondeur humaine.

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